La Joie des Enfants
La Joie des Enfants

Parler de la joie en ces temps de confinement et de pandémie plutôt enclins à la morosité, peut sembler surprenant. Je pense au contraire que c’est le bon moment.

En effet, c’est quand on est incité à se morfondre et à se replier sur soi-même, c’est quand les chaînes d’information rabâchent des messages déprimants à longueur de journées, c’est quand on n’a plus accès à des lieux culturels, c’est quand on ne peut plus prendre un café en terrasse ni côtoyer ses amis et ses proches, c’est précisément là qu’on a besoin d’éprouver de la joie.

Spinoza considérait que la joie, la tristesse et le désir étaient les trois affects fondamentaux des hommes. Et que la joie notamment était pour l’être humain « le passage d’une moindre à une plus grande perfection ». La plupart des penseurs et des philosophes ont établi un lien entre la joie et la réalisation de soi ou l’accomplissement de belles choses dans son existence.

Pour moi, je vois deux formes de joie, celle exprimée par le rire, spontanée et plus ou moins ponctuelle et celle plus profonde et plus pérenne.

La joie exprimée par le rire

La joie est vraiment quelque chose de magique. Pensez à un enfant très jeune avec qui vous faites un petit jeu : vous vous cachez derrière un meuble, puis vous réapparaissez en faisant toujours la même mimique et en émettant le même son. La répétition à l’instant implicitement attendu du mouvement déclenche chez le petit un éclat de rire. Chaque réapparition provoque systématiquement son hilarité. Ce rire du tout petit est l’expression complète, la quintessence de la joie. Une joie innocente, pure et communicative.

En tant qu’adultes, sommes-nous capables, sans l’aide d’un bébé qui rigole, d’éprouver une telle joie ?

Je pense que oui. « Le rire est le propre de l’homme » dixit Rabelais. Le rire est une expression de notre joie. Eclater de rire est excellent pour la santé et apporte de multiples bienfaits. (cf. Riez et vous irez bien) Cette forme de joie est communicative et envahissante.

Même et surtout dans les pires moments de la vie, elle agit comme un interrupteur sur le moral : on passe, d’un seul coup, d’un moral en berne à un état explosif et positif. On oublie tout, même si ce n’est que l’espace d’un instant, mais qu’est-ce que ça fait du bien !

Et pourquoi ne pas multiplier ce type d’instants le plus souvent possible ? Il est facile de rire. Exercez-vous, vous verrez. À plusieurs, c’est encore plus facile car il y a un effet d’entraînement. Repensez à des moments où vous avez pleuré de rire. Faites-les remonter à la surface et imprégnez-vous de cet état.

Tâchez de vous détacher

Mais avant, détachez-vous de vos écrans, télé, téléphone, tablette, des réseaux sociaux qui globalement vous inondent de mauvaises nouvelles, et vous tirent vers le bas, dans une spirale négative. Débarrassez-vous de toute influence négative, de tout conditionnement et formatage limitant. Reconnectez-vous à tout ce qui vous inspire de la joie.

La Gratitude Attitude

Remercier pour tous les bienfaits que l’on identifie, pour toutes les bonnes choses positives dont on est conscient et qui confortent dans son amour de vivre, c’est aussi une formidable incitation à la joie.

La joie profonde et pérenne

Pendant des siècles, la joie était un terme uniquement du vocabulaire religieux, puis il est passé dans la littérature, et dans la langue parlée. Ce qui montre bien que la joie est, fondamentalement, une aptitude humaine liée à la spiritualité.

La joie dans le judaïsme

Dans l’ancien testament, la joie est très souvent mise en valeur.
Dans Ésaïe 55:12, on lit : « Vous sortirez dans la joie et serez conduits en paix… ». Pour les juifs orthodoxes, la capacité à être joyeux, quelle que soit l’expérience vécue, est considérée comme un commandement biblique. La joie s’exprime aussi dans les fêtes juives par des chants pleins de ferveur. Il existe même la fête qui s’appelle Simhat Torah, ce qui signifie « joie de la Torah ».

La joie en Islam

Chez les musulmans, selon Malek Chebel, la joie de vivre est mise au service d’une société tolérante et ouverte, pour comprendre et connaître l’autre.

Une étude faite par une équipe de psychologues de l’Université allemande de Mannheim montre que l’Islam serait la religion dans le monde qui procure la plus grande joie de vivre aux fidèles. Cette joie de vivre provient du sentiment d’unité et d’appartenance à l’Oumma, qui désigne la communauté des musulmans.

La joie chez les chrétiens

Pour les chrétiens, la joie est le fruit de l’esprit saint. Imaginez la joie des premiers chrétiens qui ont vécu la résurrection de Jésus Christ. Une explosion d’amour, d’une puissance extraordinaire. Saint Pierre dit aux chrétiens : « soyez comblés de joie, exultez de joie ». Et le pape François, dans une méditation sur la joie chrétienne, commente : « La joie chrétienne est la paix que seul Dieu peut nous donner. Voilà précisément ce qu’est la foi et avec cette foi on conserve la joie ».

Alléluia, expression de la joie

Chez les juifs et les chrétiens, Alléluia exprime la joie des croyants. Etymologiquement, Alléluia signifie  « louez Yahweh », c’est-à-dire « louez Dieu ». La joie ici, c’est l’allégresse de la foi.

La joie des bouddhistes

Bouddha a enseigné les moyens basés sur la sagesse, d’atteindre une joie profonde et sincère, indépendamment des conditions et événements extérieurs.

Pensez au visage toujours souriant du Dalaï Lama qui respire la joie.

La joie est l’atome du bonheur

Chacun sur terre, même sans religion, doit pouvoir ressentir une simple joie de vivre, profonde et constante, une reconnaissance d’être en vie, d’en savourer tous les bienfaits. Même dans les moments les plus difficiles, la joie peut perdurer, agir comme un élément positif aspirant dans une spirale ascendante.

Bruno Giuliani, dans « L’amour de la sagesse », considère la joie comme « l’atome du bonheur » et comme « le lien qui nous libère en nous reliant à tous ».

Qu’en pensez-vous ?
Avez-vous cette capacité de joie ?
Quels que soient les moments, êtes-vous joyeux ?
Merci de laisser vos commentaires.